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Courant alternatif (3)

Eh bien, voilà. Troisième et dernier volet de ma trilogie de billets ayant pour thème les sources alternatives d'information concernant : 

 

  1. ce qui se passe ailleurs dans le monde;
  2. ce qui se déroule au Canada;
  3. ce qui se dit d'intelligent sur les médias.

 

Jusqu'ici, j'ai plutôt bien respecté mon "jour de tombée" mais, pour la troisième fois depuis le début de cette année - qui en est déjà presque à la moitié - je passe à un autre rendez-vous hebdomadaire.

 

Ainsi, après avoir occupé le créneau du jour de Mercure (le mercredi), celui du jour du Seigneur (le dimanche), je suis maintenant un adepte du Thank God It's Friday pour mettre à jour mes réflexions médiatiques et la veille que je fais de manière tout à fait subjective et citoyenne de l'actualité plus ou moins récente.


 

Alors, sans plus tarder, cette semaine, on ne peut faire autrement que d'aborder l'actualité internationale par le biais de la révolte en Turquie.

 

Au départ, une simple question de protestation dans un parc nommé Gezi - qui deviendra peut-être aussi célèbre que la Place Tienanmen en Chine ou bien le format réduit d'un printemps de Prague trempé dans l'islamo-fascisme rampant dernièrement à travers le monde musulman - la révolte contre le gouvernement Erdogan me semble être un symbole important.

 

Tout d'abord, la manière dont les réseaux sociaux se sont emparés de l'événement et, surtout, la façon dont on a reproché rapidement aux médias traditionnels de ne pas "couvrir" assez rapidement ou efficacement le sujet toujours chaud et brûlant de la protestation en cours me semblent deux indicateurs du sentiment d'urgence permanent qui habite la population lorsqu'elle s'empare du flambeau de l'injustice.

 

Ensuite, la vitesse de la nouvelle des troubles se déroulant en Turquie dépasse l'entendement. Si on prend la peine de prendre deux points de repères éloigné dans le passé. Par exemple, en prenant la naissance de CNN comme premier référent temporel. Ou simplement en reculant mentalement jusqu'à l'époque de l'invention de l'imprimerie.

 

Concrètement, le jour même au cours duquel les protestations commençaient à faire des victimes ou, à tout le moins, à créer des images révoltantes; je voyais déjà sur un abribus de la rue Ste-Catherine, situé dans l'Ouest de l'Ile de Montréal - autrement dit, sur une rue très passante d'une métropole nord-américaine - une affiche collée par un sympathisant à cette cause résumant la raison pour laquelle elle était importante et comment pouvoir s'y brancher à l'aide d'un mot-clic (un #hashtag) typique des réseaux sociaux de type Twitter ou Tumblr.

 

 

D'ailleurs, le lendemain de ma promenade au centre-ville, j'ai décidé de faire un test. Et malgré le très petit nombre d'abonnés à mon compte Tumblr, j'ai posté (littéralement) la photo du tract en question, en prenant bien soin d'y ajouter les "tags" (ou les mots-balises) appropriés, et j'ai récolté sur un délai de 24 suivant mon "partage d'information", pas moins de sept "notes" en lien avec ma photo. Une photo des plus banales. Un message des plus bref. Mais qui témoignait quand même de la portée de la protestation de ces activistes situé à Istanbul.

 

Cette petite expérience médiatique "home made" peut paraître banale et sans significations profondes aux yeux des néophytes de l'étude des médias, mais elle témoigne quand même d'une nouvelle dynamique. D'un mouvement totalement inédit de l'information-choc ou de l'information-spectacle.

 

Et que cette information ou cette intoxication médiatique soit au service d'une cause noble ou non, il n'empêche que cette petite expérience démontre que le temps zéro prédit et envisagé par certains philosophes et écrivains. La reuve Temps zéro ou l'auteur Italo Calvino, par exemple.

 

Bref, pour être un peu plus précis dans ma perception de cette expérience personnelle et sociale à la fois, je dois dire que la vitesse à laquelle se répand, se répète et se télescope la nouvelle m'inquiète et me trouble également.

 

Cette vitesse folle de diffusion m'incite à penser que le temps de fabrication de la nouvelle traditionnelle - peu importe si l'on songe à l'impression lente et patiente imposée par le procédé de la transmission orale ou celle de l'agencement extrêmement minutieux et délicat de la typographie ancienne - cette vitesse de diffusion quasiment instantanée de l'écrit, de l'image et du son me semble être propice aux plus dangereux malentendus ou aux plus troublants quiproquos.

 

Cette vitesse quasi incroyable ou surréaliste de l'information globale, se répandant par mots-clics, par association libre et collective, me fait également penser à une gigantesque séance d'hypnose ou de psychanalyse collective à peine balisée, contrôlée ou calibrée par une autorité compétente en la matière. En matière de communication ou de système nerveux informatique.

 

Et de ces deux impressions, ou de ces deux observations encore bien sommaires, encore à l'état brut de l'idée naissante et obsédante, me laissent à la fois craintif et perplexe face à ce nouveau développement de la pensée. De la pensée, non pas individuelle ou démocratique, mais bien de la pensée collective inconsciente et anarchique.

 

Que nous réserve ce type de déchaînements naissants du cerveau humain en interaction plus ou moins continuelle avec le reste de ses semblables?

 

Que pouvons-nous prévoir du choc incessant de ces idées qui, selon le vieux dicton, permettaient le jaillissement de la Raison à l'époque des Lumières?

 

Enfin, cela fait le tour du jardin en ce qui concerne mon billet en trois segments cette semaine. Et pour ceux qui ne l'auraient pas remarqué: nul besoin de divisé l'entrée de ce blogue en trois parties plus ou moins inégales ou clairement identifiées car :

 

  1. ce qui se passe ailleurs se déroule aussi au Canada;
  2. ce qui se est étranger ne demeure étranger que pour un court laps de temps seulement si les nouvelles de l'étranger nous deviennent beaucoup plus rapidement familières;
  3. ce qui se dit d'intelligent sur les médias ne se trouvent pas dans les médias officiels ou institutionnels, ils se trouvent désormais dans l'esprit ou la tête de toute personne équipée d'un appareil de transmission de données connecté plus ou moins fidèlement au réseau des réseaux - internet.


08/06/2013
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